Je crois que je viens de passer l'un des meilleurs moments de solitude de ma vie.
Ce matin, je me suis réveillée un peu plus tard que d'habitude, et je ne me suis pas sentie d'humeur à travailler. J'ai eu envie de rester lovée dans mon lit, à sentir la douce tiédeur des draps et les rayons de soleil sur ma peau.
Je me suis sentie un peu anxieuse à l'idée d'accomplir les tâches de la journée car la plupart d'entre elles avaient rapport à des interactions sur Instagram, chose qui me draine et me submerge rapidement.
Vers 13h, après avoir marché pendant 31 minutes, j'ai senti ma tête exploser. J'avais l'estomac noué et surtout, des difficultés à respirer l'air un peu lourd de la maison.
J'ai donc pris un tapis de yoga, et j'ai décidé d'aller passer un moment dans l'arrière-cour, sous les arbres, à méditer.
L'un de mes soucis les plus urgents étant de calmer ma respiration, je me suis assise en tailleur sur le tapis et, les yeux fermés, j'ai entamé 5 minutes de respiration guidée.
Mon objectif était d'essayer de méditer pendant que je stabilisais ma respiration, mais je me suis rapidement retrouvée à répéter deux choses en boucle : "Mwen beni. Lavi m bèl." Au fil des respirations et des égrenages de ces deux phrases, un calme immense s'est mis à m'envahir.
L'air me rentrait par les narines pour ensuite s'évader par une mince ouverture de mes lèvres, j'entendais le chant du vent dans les feuilles et le piaillement occasionnel d'un oiseau perché un peu plus haut. Et malgré le tremblement incessant de mes jambes, j'avais l'impression de flotter.
Ces 5 minutes m'ont semblé une éternité, mais je n'avais nulle envie que le temps se presse.
Mwen beni. Lavi m bèl.
Telles étaient les seules pensées que mon esprit laissait passer.
Et lorsque les 5 minutes se sont écoulées, je me suis allongée sur le dos, les mains sur la poitrine et les genoux fléchis. Les yeux grands ouverts, je me suis mise à admirer le toit de feuillage au-dessus de moi et les morceaux de ciel bleu à travers les branches.
C'est alors que j'ai été envahie par un flot d'émotions ayant une source commune : la gratitude. Je me suis alors mise à énumérer les choses pour lesquelles j'étais reconnaissante.
La vie, la nature, ma personnalité, ceux que j'aime, ceux qui m'aident ou qui croient en moi, mon coeur aux goûts simples, mon corps, mon âme sensible, mon meilleur ami m'ayant promis d'aller acheter des livres avec moi cet après-midi, mes faiblesses, mes forces, mes pertes, l'amour inconditionnel de certaines personnes et les expériences (bonnes et mauvaises) qui m'ont permis d'être la personne que je suis aujourd'hui, tout semble avoir été touché par ma gratitude.
Je me suis sentie tellement en paix ! Comme si plus aucun de mes doutes et peurs ne comptaient, comme si pendant un moment la vie me semblait oh combien magnifique.
Je me suis sentie calme, rassurée et heureuse. Ah ! Qu'ils étaient immenses cette paix et ce bonheur que j'ai ressentis !
J'ai eu envie de partager ce moment avec quelqu'un que j'aime, mais j'ai réalisé que la magie du moment risquait d'être brisée car, la seule "personne que j'aime" qu'il me fallait sur le moment, c'était moi.
Lorsque j'ai regardé à ma montre, à peine une demi-heure s'était écoulée. Ce moment merveilleux qui m'avait semblé une éternité n'avait même pas duré 30 minutes.
Mais qu'importe le temps ? Mon âme a été marquée par ce moment incroyable, et il me semble que je vais désormais passer le reste de ma vie à tenter de revivre ce que j'y ai ressenti, histoire de me rappeler que même dans ma solitude toute simple je peux trouver une extrême félicité.